Pour faire suite à un précédent post qui évoquait la boite canadienne de la Serre des Airs, voici quelques photos du jouet en loose. Ayant plusieurs boites à disposition, j'en ai ouvert une afin de proposer un exemplaire dans un état irréprochable, comme s'il venait d'être assemblé en 1987

Le design pyramidal et anguleux de la Serre des Airs est le premier élément qui suscite en moi de l’intérêt. Les formes anguleuses me renvoient aux béliers et autres masses d’armes du moyen-âge, une temporalité modernisée pour la licence Visionaries.

Cette recette qui mêlent archaïsme et technologie nous est bien familière. Pire, elle est le terreau fertile d’un imaginaire sans cesse sollicité et quasi infini. La dimension incisive de la Serre des Airs est également un aspect remarquable. Même sous sa forme non-déployée, le véhicule laisse imaginer des intrusions brutales, des saillis où le moindre antagoniste serait pourfendu sans aucun ménagement.

La Serre des Airs est un véhicule volant selon sa référence nominative. Mais elle se prête également très bien à une utilisation terrestre, via notamment les petites roulettes présentes sous le châssis du jouet. La dimension d’assaut et le design évoqués précédemment suggèrent vraiment un char. J’attire également votre attention sur l’aspect blindé, cuirassé, concernant l’esthétique générale de la Serre des Airs.





Lorsqu’on actionne les mécanismes de transformation, la Serre des Airs gagne en envergure. Tel le cheval de Troie qui cachait ses guerriers grecs, le véhicule renferme plusieurs canons dont la puissance de feu repoussera les opposants les plus déterminés. Quelques manipulations, très simples et à base de systèmes à rails, feront jaillir l’armement parfaitement dissimulé.

La jouabilité est une valeur sûre qui se synthétise souvent dans la notion de modulation, de transformation. Plusieurs gammes de jouets l’avaient déjà démontré auparavant comme M.A.S.K. ou encore Transformers. C’est finalement cette dualité, cette idée de deux jouets (parfois plus) en un, qui contribue majoritairement au fait d’apprécier ces licences.





Parlons détails et chromatiques. La Serre des Airs reprend un code couleurs qui nous est familier, en tout cas pour ceux qui ont bien connu durant l’enfance une autre licence estampillée Hasbro. Oui, les héros sans frontières ou les G.I.Joe compterons plusieurs véhicules qui vont utiliser cette teinte bordeaux si spécifique.

Le Cobra IMP, le Cobra Moray et le Cobra Jet Pack sont des exemples possibles. Idem concernant les canons dorés de la Serre des Airs : le Cobra D.E.M.O.N, le Destro’s Despoiler ou encore Cobrador et son Chariot des Airs arborent aussi cette couleur qui suggère l’or.





Des prémices holographiques étaient visibles dans la licence des Transformers avec ses logos thermiques. La gamme de jouets Visionaries va littéralement transcender le concept avec des surfaces miroitantes de grandes superficies. La Serre des Airs s’inscrit dans cette dimension avec ses panneaux latéraux habillés par d’imposants stickers holographiques.

Le rendu est très esthétique et rejoint parfaitement la thématique mystique de l’œuvre Visionaries. Il faut citer parallèlement la gamme Super Naturals de Tonka qui va également utiliser cette technique holographique en 1987 avec des surfaces notables.

Le pilote de la Serre des Airs, Mortdred, contraste parfaitement avec son véhicule lorsqu’il est placé aux commandes de celui-ci. Le bleu ciel et le violet apportent du relief tout en rappelant les parties latérales pyramidales. C’est un quasi sans fautes, vraiment.





Les véhicules Visionaries s’inscrivent dans une tradition, un savoir-faire indissociable d’Hasbro. En effet, il y a quelque chose du modélisme, de la maquette, dans le fait d’assembler son jouet et d’y poser des stickers. La licence G.I.Joe, sous sa forme vintage 3 3/4″, est aussi intimement liée à ce concept. Hasbro a très intelligemment limité d’éventuels coûts d’assemblage tout en apportant du divertissement, de la jouabilité et une forme d’implication aux enfants. C’est, sur le plan marketing, très pertinent. Le fait de construire son jouet créé un attachement à celui-ci et valorise aussi son propriétaire.

Ensuite, à titre personnel, j’ai utilisé une des petites encoches à l’arrière de la Serre des Airs pour y insérer l’arme de Mortdred. Ce dernier, lorsqu’il pilote son véhicule, doit avoir les mains libres. Je trouvais illogique de lui faire tenir sa “faucille” lorsqu’il se trouve dans le poste de commandes, comme illustré au dos du packaging.

Initialement ces petites encoches étaient prévues pour accueillir des Power Staff Totems, éventuellement celui d’un second personnage Visionaries qui pouvait être placé dans le compartiment à l’arrière de la Serre des Airs. Pour rappel, les pilotes Visionaries commercialisés avec leurs véhicules respectifs n’ont pas de sceptres fournis.

Je trouve que ce petit détournement fonctionnel s’harmonise parfaitement avec l’ensemble et propose une posture plus logique à Mortdred dans son cockpit. Faites l’essai à la maison pour vous donner une idée du rendu

Il est superbe
Dommage Qu'on ne voit pas mieux les hologrammes sur tes photos.
Et bien joué pour l arme ça me paraissait évident aussi.

Pour moi les Visionnaries ça a toujours été des Joes mais pas à la bonne taille.. ^^

Mais sinon sérieusement à part les armures ils ont tout l'air de Joes et ont literralement les mêmes articulations de mémoire.

Bon et qd tu dos d essayer à la maison ...
Ca veut dire que tu le prête ? ^^

Pour les hologrammes il faudrait que Nicko fasse des vidéos ^^

@Tibo : Les Visionaries c'est clairement du format/concept G.I.Joe 3 3/4" augmenté. Je te prête ma Serre des Airs avec plaisir mon Tibo

@Aurel : Alors je ne suis déjà pas doué (doux euphémisme) en photo. Je n'imagine même pas ce que ça donnerait en vidéo

                                                               

Cette semaine j'ai souhaité mettre à l'honneur mon exemplaire slipfresh de Solitaire dans FulguroPop. Je reproduis ici une partie du dossier dédié

https://www.fulguropop.com/2022/06/22/les-jouets-du-mercredi-solitaire-rock-lords-bandai-1987/

Nous avons connu en France dès 1987 la faction des Pierres Précieuses. Les boites fenêtre européennes Bandai Rock Lords deviennent spécifiques pour le triptyque translucide des seigneurs de la roche. Exit le vert pour les “méchants” et le marron pour les “bons”, désormais un superbe bleu très vif habille des packagings sublimés. Pour plus d’informations concernant ces boites fenêtre européennes Bandai, je vous invite à parcourir la production dédiée à Flamestone.

https://www.fulguropop.com/2022/06/15/les-jouets-du-mercredi-flamestone-rock-lords-bandai-1987/

Lorsqu’on examine Solitaire dans son écrin bleuté, on retrouve une configuration du quasi “ton sur ton”. En effet, la reine du royaume des Pierres Précieuses comporte des parties bleues que j’évoquerai dans quelques lignes. Il ressort de cette association une certaine harmonie à mettre en opposition avec la configuration que l’on peut observer lorsque Flamestone se trouve dans son conditionnement.

Dans les deux cas, le rendu est très esthétique et selon les sensibilités, on préfèrera l’homogénéité chromatique ou bien le contraste des coloris.





Solitaire est un personnage féminin selon les marchés U.S et européen. C’est assez atypique pour le souligner car si on fait un peu de généalogie – notamment au cœur de la décennie 80 – certaines héroïnes/femmes sont restées à l’état de samples, de prototypes ou même de concept arts.

Je pense spontanément à Ténébra dans la licence She-Ra, la Princesse du Pouvoir, à Niko chez les Galaxy Rangers, à la Juge J.B. McBride pour la gamme BraveStarr ou encore à Stellara des Sectaurs. Ce dernier exemple est à nuancer car des samples de la guerrière de Symbion ont été commercialisés en très petites quantités. Ceci dit, des références comme Virulina chez les Visionaries ou encore Mélodia pour les SilverHawks siègent également dans la catégorie des portages de plastique non produits ou bien qui n’ont pas été tirés à grande échelle.





Pour les années 90, il faut citer Jenny de la gamme Bucky O’Hare restée à l’état de sample. C’est dommage, l’action figure comme le blister étaient superbes. N’oublions pas également Talyn de la licence Skeleton Warriors. Les exemples sont encore nombreux.



Ceci dit, si j’en reviens aux Rock Lords, nous aurons tout de même le plaisir de compter un second robot de pierre féminin appartenant également à la série 3, Sabrestone.





Si on souhaite en savoir un peu plus sur Solitaire en termes de background, il faut examiner au moins deux supports promotionnels. D’abord le film d’animation Gobots : Battle of the Rock Lords diffusé dès 1986 aux Etats-Unis comme au Canada.

La reine du royaume des Pierres Précieuses apparaît clairement comme une héroïne courageuse, intelligente et même un leader puisqu’elle commande la faction des Rocks Jewels. Une posture hiérarchique intéressante qui contraste avec certains codes pleinement inscrits dans la décennie 80 où les “chefs” étaient majoritairement masculins. Cette dimension de “femme forte” contribue à l’originalité du personnage.

Le second support promotionnel qui permet de découvrir scénaristiquement Solitaire est le deuxième mini-comics Rock Lords fourni avec la série 3 des jouets (1987). En effet, la petite BD There’s ssomething flashing over there met en scène la reine du royaume des Pierres Précieuses aux côtés de Flamestone et Sunstone. J’apprécie particulièrement le design de Solitaire dans ce mini-comics. Justement, parlons sculpture.



Le dos de la boite fenêtre européenne de Solitaire laisse apparaître un artwork spécifique du personnage. Cette représentation située en haut à gauche du back représente la reine du royaume des Pierres Précieuses telle qu’elle apparaît dans le film d’animation Gobots : Battle of the Rock Lords ainsi que dans le mini-comics There’s ssomething flashing over there.

Ce design est très proche de la déclinaison plastique. En effet, Solitaire affiche une transparence propre aux Rock Jewels avec cependant des parties bleutées et d’autres translucides. Pour autant, le robot de pierre devait être initialement intégralement bleu.

Ci-dessous, un visuel extrait d’un catalogue Bandai Japan de 1987 où l’on peut observer un sample de Solitaire selon la chromatique évoquée précédemment.



Il existe cependant une autre version transitionnelle/promotionnelle de Solitaire que l’on peut observer sur le catalogue U.S Tonka de 1987. La sculpture de le reine du royaume des Pierres Précieuses diffère : ses pieds sont teintés en noir, des ressors dans les cuisses sont visibles ou encore le bandeau vertical du buste est peint. D’autres variations sont présentes si l’on examine en détail le sample.



Ceci dit, c’est sans compter la version du catalogue Bandai de 1987 concernant Solitaire avec une énième version qui est différente du modèle commercialisée. L’élément le plus significatif au premier coup d’œil est probablement l’absence du bandeau vertical sur le buste.

On regrettera parallèlement que la reine du royaume des Pierres Précieuses soit présentée sans son arme. Une configuration malheureusement très récurrente – mais pas systématique – dans les catalogues promotionnels des Rock Lords.



Solitaire est une très belle réalisation. Son nom est une évocation nominative du diamant, la pierre précieuse qui constitue la reine du royaume des Rock Jewels. La transparence du jouet avec ses zones strictement translucides comme bleutées offre un schéma de couleurs qui se rapproche assez spontanément de l’idée que l’on peut se faire du diamant.

Le visage de Solitaire comporte des détails de peinture intéressants. Les yeux sont teintés en jaune et la bouche en rose, soit une transcription chromatique possible de la féminité. On retrouve sur le buste un bandeau vertical bleu qui est un sticker. C’est assez singulier pour le souligner car la reine du royaume des Pierres Précieuses est le seul Rock Lord au format “regular” qui comporte un autocollant.



Globalement, le design très anguleux de Solitaire rejoint cette idée de facettes taillées par la main de l’homme, notamment dans le domaine de la joaillerie. Nous avons tous en tête une vision du diamant sculpté géométriquement afin de proposer une esthétique la plus parfaite possible.

Au pays du Soleil Levant, Solitaire avait été initialement baptisée Diaman. Le personnage appartenait bien aux forces du bien – comme pour les déclinaisons U.S et européennes – à la seule différence qu’il était masculin. En effet, au Japon, Diaman n’avait pas été pensé comme un protagoniste féminin. Pour rappel, la gamme des Rock Lords est une création nippone.

Toujours au pays du Soleil Levant, la déclinaison plastique de Diaman était différente des tirages U.S. et européens. En effet, le robot de pierre comportait initialement des yeux rouges et le bandeau vertical bleu du buste avait la forme d’une ceinture. Celle-ci était déjà un autocollant. Autre élément propre à la déclinaison japonaise de Diaman, les trois excroissances de la tête qui sont teintées en bleu foncé.

En termes d’accessoire, Solitaire est fournie avec une épée. Cette arme sied à merveille au personnage puisque sur le plan symbolique on la retrouve très souvent auprès de leaders charismatiques des années 80 appartenant aux forces du bien. On peut citer spontanément Musclor, Starlion ou encore John Blackstar

Le triptyque des Rock Jewels est mythique. Et Solitaire contribue pleinement à cette sacralisation, notamment à travers une féminité corrélée à une position de meneuse courageuse. Sur le plan promotionnel, il est possible d’observer une déclinaison de la reine du royaume des Pierres Précieuses dans le DA Le Challenge des Gobots diffusé en France à partir de 1987. Cependant ce portage offrira un design assez “modernisé” de Solitaire.

D’autre part, des celluloïds extraits de l’œuvre Bleu, l’Enfant de la Terre (1990) mettent en scène la reine du royaume des Pierres Précieuses. Je gage que celle-ci soit ostensiblement présente dans le DA.

Je voudrais avant de conclure établir rapidement une correspondance entre Solitaire et le diamant. Ce gemme est nominativement un dérivé du grec ancien à travers le terme adamas qui signifie l’indomptable, l’indestructible. Des notions à mettre en perspective avec le profil de notre robot de pierre féminin. Parallèlement, dans la culture indienne, le diamant est traditionnellement surnommé le “fruit des étoiles”. Une formulation qui rappelle en filigrane l’origine extra-atmosphérique des Rock Lords

Solitaire est certainement le RockLord Jewel que je préfère !
Est-ce la transparence plus flagrante que chez ses confrères ou son aspect longiligne qui lui donne un petit côté british (qu'est ce qu'on peut raconter comme âneries lol) mais en tous cas si j'en avait 1 seul à faire figurer dans mes étagères ce serait celui-ci.

Et tu n'es pas le seul mon Aurel ! Beaucoup de personne préfère Solitaire aux deux autres Rock Jewels, en tout cas dans mon entourage. Je pense qu'inconsciemment, la position de leader, le fait que ce soit un personnage féminin et la couleur bleue jouent beaucoup. Ce n'est qu'un avis bien entendu.

A titre personnel, ma Pierre Précieuse favorite restera Flamestone pour son rouge flamboyant

Tres jolie

Mais tu ne parles jamais des articulations
Elles sont pas dans le mauvais sens ici? Genre les genoux qui se plient vers les cotés ?

Ca a toujours été un truc qui me gene ca dans les toys

Mais elle est tres belle sinon en effet
Flamestone aussi

Tu as raison mon Tibo, j'aborde assez peu souvent le sujet des articulations. Essentiellement parce que mon approche est très axée sur les périodes conceptuelles comme promotionnelles. Il faudrait que je parle peut-être davantage de la jouabilité des action figures/robots dont je parle

Et tu as encore raison en soulignant les articulations des jambes de  Solitaire qui sont latérales et non pas dans le sens naturel qu'une morphologie "humaine" pourrait proposer

1988 : le succès commercial des Cache Démons

Mon point de départ sera 1988 et la gamme de jouets S.O.S Fantômes ou The Real Ghostbusters aux Etats-Unis. La firme Kenner s’est parfaitement implantée sur le marché de l’action figures avec ses chasseurs d’entités ectoplasmiques et ce dès la fin de l’année 1986.

Succès oblige, plusieurs séries d’action figures vont se succéder et certaines s’inscriront à jamais au Panthéon des jouets S.O.S Fantômes. Parmi celles-ci, il faut absolument citer la mouture des Cache Démons (Haunted Humans en V.O), ces citoyens de la vie civile qui renferment des créatures aussi délurées qu’horrifiques. Nous gardons tous en mémoire la grand-mère Mamy Beurk (Granny Gross en V.O) ou encore l’employé des ordures Poubel-Frousse (Terror Trash en V.O).



D’un point de vue plus technique, les cartes S.O.S Fantômes des Cache Démons connaitront plusieurs variantes, notamment en ce qui concerne les tonalités de violet utilisées. Une seconde particularité est à souligner, spécifiquement pour les éditions Fr/Nl : l’absence du logo C.E. sur les tous premiers tirages des blisters Cache Démons. Ces “first shots” ont en fait été produits juste avant la normalisation sécuritaire européenne de mai 1988. Ils sont moins courants que les cartes arborant le logo C.E.

Je souhaite attirer votre attention sur l’action figure d’Armoire-à-Glace, le joueur de football américain. Le design du personnage, baptisé Tombstone Tackle aux U.S, est superbe. Ce “sportif hanté” cache dans son buste imposant une horrible créature prête à dévorer n’importe quel opposant.

Ci-dessous la carte “first shot” Fr/Nl d’Armoire-à-Glace que nous avons connu en France dès la mise en rayons de la série Cache Démons. La distribution a commencé autour de mai 1988, quasiment à la même période qu’aux Etats-Unis.






Casey Jones, du papier aux écrans

Quelques mots très succincts concernant le personnage de Casey Jones afin d’établir une temporalité. Le justicier de la nuit apparaitra pour la première fois en 1985 dans Raphael : Teenage Mutant Ninja Turtle, un comic (micro series) sous licence Mirage Studios et spécifiquement centré sur la tortue au bandeau rouge. Sous-titré “Me, Myself and I”, ce support papier mettra en scène notre justicier nocturne, notamment à travers sa rencontre avec Raphael.

Créé dans les grandes lignes par Kevin Eastman (Peter Laird apportera quelques idées), Casey Jones est né d’une volonté parodique à l’instar de l’œuvre Teenage Mutant Ninja Turtles/Tortues Ninja. L’inspiration provenant de personnages comme Batman ou encore Daredevil a constitué une base. A ceci près que la notion de “tragédie fondatrice” a été gommée (contrairement à la version des comics IDW des années 2010). Casey Jones, selon une interview de Kevin Eastman, aurait très bien pu découvrir sa vocation de justicier en regardant des séries d’action à la télévision.

Le design de Casey Jones visible dans le comic “Me, Myself and I” est celui que l’on connait avec ses attributs désormais célèbres : un masque de hockey et des accessoires de sport (notamment deux battes de baseball, un club et un sac de golf ou encore une crosse de hockey). Le justicier de la nuit a bien les cheveux longs noirs, un sweat moulant aux manches coupées et ce qui semble être un bas de survêtement.



Plusieurs déclinaisons de Casey Jones vont faire suite au support papier. La toute fin de l’année 1987 aux Etats-Unis sera le point de départ de l’aventure animée avec une première introduction sous forme de mini-série. Ce sera 1988 qui résonnera comme l’année de diffusion du support animé Teenage Mutant Ninja Turtles.

Casey Jones apparaitra dans très peu d’épisodes et sous un profil différent de celui des premiers comics Mirage Studios. Le lien spécifique avec Raphael n’est pas établi et notre justicier de la nuit semble souffrir d’une certaine instabilité psychologique. Pour rappel, nous découvrirons la série animée Tortues Ninja – Les Chevaliers d’Ecaille en France dès 1989 sur Canal +. L’année 1990 sera plus significative en termes de diffusion avec une programmation sur FR3 puis Antenne 2, des chaines populaires.

Enfin impossible de ne pas citer la transposition de Casey Jones dans les œuvres cinématographiques Tortues Ninja de 1990 et 1993, qui correspondent au premier ainsi qu’au troisième film. Le rôle est assuré par l’acteur Elias Koteas.




Casey Jones Playmates Toys : conceptualisation, influence et inspiration

Les deux parties introductives précédentes constituent une mise en situation qui permet d’arriver au cœur du sujet. Je m’intéresse depuis très longtemps aux périodes conceptuelles à propos des jouets appartenant à la décennie 80. Au fil du temps, j’ai accumulé plusieurs documents qui illustrent les coulisses, les idées fondatrices des action figures et autres véhicules que nous avons connu durant l’enfance.

J'apprécie la méthodologie qui inclut la confrontation, la mise en perspective afin d’avoir plusieurs grilles de lecture concernant certains documents conceptuels. Alors il faut rester prudent, la surinterprétation est un risque majeur et le conditionnel reste nécessaire. Pour autant, certains détails sont parfois troublants et ils prêtent clairement à la réflexion, à l’acceptation du doute.

Parmi les artistes qui ont contribué à la création des jouets Tortues Ninja, il faut citer Errol McCarthy. Cet illustrateur de génie est très connu pour son travail sur la gamme vintage des Maîtres de l’Univers. Ses licensing kits ou ses mises en scène sur certains cardbacks MOTU sont incontournables. Errol McCarthy a travaillé pour d’autres licences comme Star Wars, Big Jim ou encore celle des Tortues Ninja.



J’ai à disposition deux concept arts qui représentent les prémices d’une action figure, celle de Casey Jones. Réalisées par Errol McCarthy, les illustrations sont très intéressantes. Pour rappel, Casey Jones a été commercialisé aux Etats-Unis en 1989 dans la seconde série de jouets Tortues Ninja. Sa conceptualisation a très probablement été initiée dès 1988, peut-être au tout début de l’année 1989.

Je vous joins ci-dessous un premier concept art de Casey Jones. Plusieurs éléments indissociables du justicier nocturne ressortent comme le sac de golf, les accessoires de sport ou encore le masque de hockey pensé pour être amovible. Un des prototypes Playmates Toys de Casey Jones avait d’ailleurs deux têtes, dont une sans masque.

Un surcoût en termes de production explique probablement l’abandon de cette idée. On notera par ailleurs des accessoires de sport annexes jamais produits et qui n’apparaissent pas sur la première version comic (1985) de Casey Jones : un gant de boxe, un ballon (explosif) et un casque de football américain ou encore une boule de bowling. On notera les cheveux bien plus courts que la première déclinaison comic de Casey Jones.







Le second concept art de Casey Jones que je souhaite partager avec vous est antérieur au précédent. Cette illustration “early” de l’action figure relative au justicier de la nuit n’a jamais cessé de m’interpeller. Examinez la masse corporelle importante du personnage, sa tenue de footballeur américain et surtout le chiffre “zéro” sur le buste. Le design très angulaire du “0” avec ses coins tronqués est typique des inscriptions sur les maillots.

En confrontant tous ces points, je ne peux m’empêcher de faire le lien avec Armoire-à-Glace/Tombstone Tackle de la gamme S.O.S Fantômes/The Real Ghostbusters. Surtout lorsqu’on met en perspective les temporalités : 1988 est l’année de commercialisation concernant l’action figure d’Armoire-à-Glace/Tombstone Tackle. 1988/89 correspond à la période conceptuelle du Casey Jones par Playmates Toys.

Alors je n’avance aucune thèse précise, je relève simplement des éléments troublants qui prêtent à la réflexion. J’avais d’ailleurs déjà abordé les thèmes de l’influence et de l’inspiration dans le dossier Les Maitres de l’Univers, une référence matricielle.

En dernière instance, je souhaiterais souligner que le design “early” de l’action figure relative à Casey Jones est très éloigné de la toute première version comic Mirage Studios (1985). Si on se réfère aux annotations manuscrites du concept art ci-dessous, on relèvera l’inscription “Go back to comic”. Plusieurs interprétations sont possibles mais je perçois cette mention comme une remarque provenant de la direction artistique dans le but d’orienter les concept arts suivants.

Toujours très intéressant et instructif ! Effectivement la ressemblance est frappante .

on ne s'en lasse pas de ces blisters GHOTBUSTERS

Merci les copains !

Ah la vache oui
Marrant mais en effet l'idee a du etre reprise , clairement !

J'adore depuis toujours ces petites anecdotes de tournage (oui en fait pour tout, pas que pour les Toys )

L'envers du decors c'est toujours un chouette truc je trouve


Et pour la petite histoire, l'introduction de Casey dans le premier film des Tortues Ninjas, celui avec les vrais costumes pas celui de Michael Massacre Bay, est exactement comme celle du Comics du coup
Il tombe sur Raph' et le prends pour un mechant, Bagarre, puis plus tard copains ... Et le look est le meme ...
Marrant , ils ont bien fait les choses pour le film en vrai.


Tiens mon Slipman, rien a vois mais peut etre que tu as ca

Il existe une liste de l'orde des Toys fait par Kenner dans l'ordre ?
Je me suis demandé l'autre jour Si t'avais pas ca toi? Stp?

Merci mon Tibo !

Alors je en peux pas affirmer clairement la filiation entre Armoire-à-Glace et Casey Jones mais il y a effectivement des éléments plus que troublants.

Concernant l'ordre de sortie des jouets RGB Kenner, oui, il existe bien un support qui les répertorie chronologiquement. C'est le RGB Museum de Jouck. Il est en "off" sur le site de La Gazette du Jouet Vintage. Il faut que je vois avec Geoffrey s'il accepterait de publier celui-ci. Je lui en toucherai deux mots pour toi

Dès que l’occasion se présente, je n’hésite pas à évoquer certaines gammes de jouets indissociables du cœur des années 80. Les Rock Lords, les Power Lords, les SilverHawks ou encore les Sectaurs constituent autant de licences fascinantes qui ne sont que trop rarement mises à l’honneur.

On peut aisément ajouter à cette liste non-exhaustive la gamme des Visionaries. Les chevaliers de la lueur magique sont une source d’émerveillement, tant sur le plan des jouets que des packagings. J’ai donc choisi aujourd’hui de consacrer quelques lignes au blister de Cindarr, le colosse d’anéantissement.

Les cartes Visionaries sont exceptionnelles. Les artworks, associés aux parties holographiques du jouet et du blister, contribuent largement à cette esthétique évoquant une magie ténébreuse, mystique. Le conditionnement de Cindarr qui illustre cet post est une édition canadienne qui n’était pas prévue pour la distribution française. Si ça avait été le cas, le cardback comporterait un petit sticker gris, parfois transparent, mentionnant les normes de sécurité Hexagonales.

Pour rappel la gamme Visionaries n’a pas eu de packagings français ou européens. Ce sont les versions canadiennes qui ont servi à alimenter le marché Hexagonal. On retrouve par ailleurs sur les boites et les blisters tout le savoir-faire d’Hasbro : des illustrations “handmade” soignées (probablement réalisées par Hector Garrido) ou encore des file cards informatives



L’action figure de Cindarr me séduit beaucoup et ce pour plusieurs raisons. D’abord sur le plan de la sculpture avec un design assez détaillé. Le croisement subtil entre modernité et archaïsme concernant l’armure est très intéressant. Cet aspect symbolise d’ailleurs parfaitement l’esprit de l'œuvre Visionaries.

Ensuite le code couleur de Cindarr est simple mais efficace. Le noir nuance les larges parties peintes en bordeaux. Cette configuration chromatique est finalement majoritairement utilisée chez les Darkling Lords, notamment via Cravex et Lexor (même si un rouge plus vif est utilisé sur ces modèles avec des proportions de couleurs qui diffèrent).

Autre point intéressant : Cindarr est la seule action figure Visionaries à avoir un casque comportant deux coloris. Les parties noires n’étaient d’ailleurs pas prévues sur le prototype initial. Elles étaient découpées, laissant apercevoir le visage du personnage.

Enfin, les attributs mystiques de Cindarr s’inscrivent parfaitement dans la dimension brutale et maléfique relative aux Darkling Lords : la puissance physique du gorille qui se conjugue au “power staff” de la destruction (également symbolisée par la masse).

En résonance aux jouets évoqués dans cette page, voici une petite photo d'un ancien stock de cartes S.O.S Fantômes Cache Démons que j'ai débusqué il n'y a pas si longtemps. Alors il faut savoir que sur ce cliché ce n'est qu'un "échantillon" du lot que j'ai récupéré. Mais l'état est parlant je dirais, c'est vraiment du slipfresh

En effet ils ont l'air en super état ces blisters !

C'est du slipfresh mon Aurel !

Il est temps de poser les cartables pour découvrir un nouveau jouet des années 80. L’aura mystique qui se dégage de ce post n’est autre que celle des Visionaries, les chevaliers de la lueur magique. Voilà une gamme de jouets qui a réellement marqué les esprits avec un concept novateur pour l’époque : l’hologramme.

En effet, ce qui caractérise les Visionaries ce sont les stickers holographiques très qualitatifs que l’on trouvait sur les jouets mais également sur les packagings. L’idée à réellement transcendé les logos thermiques des Transformers.

Malgré ce gimmick très original, la gamme de jouets Visionaries n’a pas connu un succès commercial significatif et ce pour une raison principale parmi d'autres : les coûts de fabrication. Les hologrammes étaient chers à produire, notamment via l’utilisation du papier Polaroid. Les tarifs des action figures Visionaries dans les commerces ont été directement impactés avec une moyenne en France de 49 francs par blister.

Quand on sait que pour un format quasi égal un G.I.Joe se vendait environ 35 francs, le choix était rapidement fait pour les ménagères désireuses de gâter leurs enfants sans trop dépenser.



Les blisters Visionaries que nous avons connus en France au Noël 1987 avaient une particularité bien précise : il s’agissait d’éditions canadiennes avec la double traduction U.S./français littéral. Hasbro a très certainement voulu faire un test à l'économie avant de produire des packagings spécifiques pour l’Europe. Cette technique avait été utilisée pour d’autres gammes de jouets, particulièrement au tout début des années 80.

J’évoquais précédemment le succès commercial tout relatif, notamment en France, de la licence Visionaries. Celui-ci s’explique également par une mauvaise synchronisation entre la vente des jouets et la diffusion du dessin animé dans l’Hexagone qui fut trop tardive, précisément au printemps 1988.

Le blister que j’ai choisi de mettre à l'honneur dans ce post est une édition canadienne d’Arzon mais qui n’a jamais été commercialisée en France. Pourquoi ? Et bien parce que le cardback n’affiche pas le petit sticker transparent mentionnant la conformité aux normes de sécurité françaises. On notera par ailleurs le système de la file card, évoquant les conditionnements des héros sans frontières. Le savoir-faire made in Hasbro.



Hasbro a voulu, en augmentant très légèrement les proportions, surfer sur le succès du format G.I.Joe sans mesurer véritablement le risque concurrentiel. L’idée était tout de même pertinente mais la gamme Visionaries, malgré d’innombrables qualités, fut onéreuse à produire et un peu trop chère à la vente.

Le dessin animé se limitera d’ailleurs à 13 épisodes, illustrant parfaitement le succès en demi-teinte de la licence. Une seconde série de jouets, très fournie, était prévue mais ne sera jamais produite. C’est dommage, elle contenait de vraies perles. Dernier point capital, l’esthétique de la licence Visionaries qui est réellement exceptionnelle, notamment en termes d’artwork. Ces derniers auraient pu être réalisés par Hector Garrido, un artiste/illustrateur qui a travaillé de près avec Hasbro, notamment au milieu des années 80.

Un petit rappel technique pour clôturer ce post : j’invite les propriétaires d’une Serre des Airs en boite à examiner celle-ci. Les versions canadiennes destinées à la France ont très certainement toutes été ouvertes afin de placer un avenant de notice à l’intérieur. Donc si vous possédez un exemplaire scellé canadien du véhicule avec des scotchs recouvrant ceux initialement appliqués dans les usines d’Hasbro, et bien c’est que votre boite était prévue pour la distribution française. Le cas échéant, c’est que vous avez un conditionnement destiné au marché canadien.

Encore un très beau blister ! Tu les as tous ?

C'est vrai que ce sont de beaux Toys mais je n'ai jamais vu un seul épisode du DA
En fait il passait quand ce dessin animé ?
(Ni eu un seul perso du coup...)
Mais j'adorais les hologrammes ...

Akira57 a écrit:

Encore un très beau blister ! Tu les as tous ?

Il m'en manque 2 de mémoire

Mais quand je vais farfouiller dans mon stock, j'ai toujours des bonnes surprises


@Tibo : C'est arrivée au printemps 1988 chez nous et diffusé durant l'été de la même année si mes souvenirs sont bons. Les jouets étaient disponibles en fin d'année 1987. Cette mauvaise coordination D.A/vente des toys a aussi contribué à l'échec économique de la gamme Visionaries. De mémoire, seulement 13 épisodes ont été diffusés

Les Rock Lords me fascinent depuis l'enfance. Ma passion pour la géologie n'a fait qu'encourager cet attrait pour les seigneurs de la roche. J'ai été très heureux cette année de rentrer dans mon archivage la boite fenêtre européenne de Stoneheart, laquelle provient d'un dead stock. Le conditionnement a directement été extrait d'un carton d'usine Bandai



Le design aquatique de Stoneheart est une inspiration directe du monstre visible dans l'œuvre cinématographique La Créature du Lac Noir, ou Creature from the Black Lagoon en V.O. D'ailleurs le nom originel de ce Rock Lord est Amazonrock, une référence directe de Bandai Japan au lieu où se déroule le film évoqué précédemment.



L’apparence du monstre (Gill-Man en V.O. soit littéralement l’homme-branchie) ainsi que son costume ont été imaginés par Milicent Patrick, une designer spécialisée dans les effets spéciaux, le maquillage, qui a également embrassé une petite carrière d’actrice. Stoneheart est indirectement le produit de Milicent Patrick  





La présence des logos Gobots et Machine Robo sur la boite fenêtre Bandai de Stoneheart apporte une notoriété sensée soutenir les ventes. Mais c’est sans compter le maigre pitch présent au dos du conditionnement, lequel a été rédigé sur un fond jaune qui capte tout de même l’attention.

Le texte est clairement désertique sur le plan informatif malgré le fait que la planète Quartex soit mentionnée. Une configuration qui rejoint cette idée d’un background promotionnel dédié manquant de teneur ainsi que de visibilité.







Je souhaiterais confronter la déclinaison plastique de Stoneheart à deux autres Rock Lords appartenant à la faction des “méchants”. La première symétrie que je vous propose inclut Magmar.

Il est intéressant d’opposer – sur le plan élémentaire – l’eau indissociable de Stoneheart avec la dimension magmatique du leader des robots de pierre maléfiques. Un antagonisme feu/eau et même chaud/froid en ressort puisqu’une des compétences martiales de notre Rock Lord au cœur de pierre est précisément de générer une froideur intense.



Ceci dit, une autre confrontation pourrait fonctionner davantage, en l’occurrence celle qui impliquerait Brimstone. Cet autre “henchman” de Magmar, au profil de brute épaisse, a la capacité de cracher du feu. Mais c’est sans compter la roche qui le détermine, précisément le sulfure soit l’oxyde de souffre.

Par extension, la formule soufrée incluant deux atomes d’oxygène dans sa molécule, autrement dit le dioxyde de souffre, présente la particularité d’altérer l’ardoise. Voilà de nouveaux antagonismes stylistiques qui mettent clairement en opposition Stoneheart et Brimstone.

Mais il ne faut pas oublier d’évoquer les chromatiques respectives de nos deux seigneurs de la roche : un vert bleuté dont la froideur entre littéralement en conflit avec la chaleur du rouge.

Encore un très beau blister !

J'ai enfin rattrapé mon retard dans la lecture de ton topic !

Toujours aussi passionnant ! merci mec